Charles
Charles aurait pu faire un dossier pour convaincre sa hiérarchie de changer de modèle, mais il en a décidé autrement…
« J’ai 26 ans, j’ai deux soeurs de 18 et 32 ans. On s’entend trop bien, c’est mes BFF. »
« Mon père a toujours été un énorme bosseur. Il a commencé à l’âge de 16 ans en cuisine chez BNP et a terminé directeur de la banque privée. Mais il était toujours là pour nous. Ma mère a toujours bossé à temps plein mais c’est une super méga maman qui était très souvent avec nous. Elle m’emmenait au sport, aux goûters d’anniversaire… Même encore maintenant c’est une maman poule »
« Depuis que j’ai 5 ou 6 ans, que je sais écrire clairement, j’ai toujours fait des dossiers pour convaincre mes parents… »
« Par exemple, il était hors de question d’avoir un chien et mon père me disait être allergique. Alors j’ai fait un dossier sur les bienfaits d’un animal dans une famille, j’ai écrit en cachette au médecin du village. J’ai mis tout ça dans un word, l’ai imprimé et glissé sous l’oreiller. Dès le lendemain on en rediscutait. Et on a eu un chien. »
« Cet épisode s’est répété une bonne dizaine de fois. Mes parents étaient anti-scooter. Mais j’avais besoin de liberté pour me déplacer. J’ai économisé discrètement pendant six mois sur mon argent de poche. J’ai passé le BSR en cachette (permis scooter à 14 ans). Puis j’ai refait un dossier propre avec mon BSR, les avantages d’avoir un scooter pour l’agenda de chacun, une analyse sur la sécurité pour expliquer que ce n’était pas plus dangereux que le vélo et le fait que je pouvais me le payer. J’ai eu un go. »
« A y repenser maintenant, c’est amusant, Je pense être assez déterminé, je sais que rien n’est arrêté. Un NON est un futur OUI. Mon quotidien, c’est une continuité de dossiers, et j’ai déjà 20 ans d’expériences ;) »
« Mon mémoire de fin d’étude était basé sur une papier de recherche de Harvard: Consulting on the cusp of disruption. C’était à propos du changement de paradigme face au travail, sur le fait que les gens veulent s’accomplir dans leur job avant tout, alors qu’auparavant les gens étaient attachés en priorité à la sécurité de l’emploi. C’est pour ça que le modèle d’agence fonctionnait bien, on embauchait des gens pas cher sous couvert d’une soit-disante stabilité, pour les placer à pris d’or dans des grands groupes »
« A 22 ans, on m’apprenait à tordre le salaire de jeunes ingénieurs talentueux (Payés 45k€ par an, on les plaçait 1500€ la journée). Je devais aussi virer des mecs bons juste parce qu’ils avaient fini une mission et qu’on avait plus de projets adaptés à leur compétence. C’était une sale cash machine… On tordait le modèle du CDI pour faire de l’esclavagisme moderne. »
« Juin 2016, ça faisait 3 ans que j’avais commencé à bosser en société de conseil. Mon job de boucher me dégoûtait, je m’étais séparé de ma copine quelques semaines avant, je cherchais un *hard reboot*, une cause. Et ça tombait bien, le marché dans lequel je bossais en avait aussi besoin. Alors un soir, en discutant avec Jo et Val sur la terrasse d’un café parisien, en se prenant à rêver d’une vie plus saine, plus simple, plus transparente, j’ai *shifté*: C’est bon, stop, je retourne plus au boulot, on va s’oxygéner, et si on veut faire un truc, faut qu’on se donne à fond ! »
« Deux semaines après, on avait quitté nos appartements, pris une collocation tous les trois. Et puis on a lancé Skillee, devenu Comet. »