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Ce soir, je suis un peu en colère, mais avant de continuer sur un sujet qui me tient à coeur, une information de dernière minute… A partir d’aujourd’hui, j’écrirai en Français. Pourquoi ? Parce que mon ambition, celle de Kima Ventures et New Wave, c’est de financer majoritairement des entrepreneurs francophones de la tech, les plus ambitieux d’entre eux, partout dans le monde. Et ce n’est pas parce que je fais la promotion de Y Combinator, que j’invite nos entrepreneurs à conquérir le monde et qu’on parle en anglais et avec des dollars la plupart du temps qu’on n’a pas le droit, fièrement, d’écrire dans la langue des entrepreneurs qu’on finance.
Et une autre résolution mais on verra si j’arrive à la tenir, c’est que je vais essayer d’écrire une fois par semaine, sur un sujet actuel qui touchent les entrepreneurs qu’on finance.
Retour à nos moutons.
Est ce que vous connaissez l’histoire de Bob qui envoie un Whatsapp à Billy avec un screenshot de Sam pour lui parler de ses doutes et questions à propos de James? Alors évidemment je caricature un peu, mais c’est exactement ce qu’il se passe dans un nombre absolument invraisemblable de startups où les investisseurs n’osent pas aborder certains sujets avec leurs fondateurs. Ils se retrouvent donc à tourner en boucle dans un monde parallèle d’observations, critiques et délires en tout genre avec d’autres personnes plus ou moins proches de l’individu concerné. Jusqu’à ce que ça éclate comme un malabar ou qu’il soit trop tard.
C’est absurde mais terriblement commun.
Prenons un peu de recul pour parler de notre ami James. Si James devient le sujet de conversation d’une boucle Whatsapp dans laquelle il n’est pas, il y a plusieurs raisons possible:
La première, c’est qu’il a fait plus ou moins mauvaise impression auprès d’une autre personne. Et que cette impression soit justifiée ou pas, elle devient une réalité pour la personne concernée. Souvent, cette réalité tend à se propager, puis s’amplifie voire même empire à mesure qu’elle circule, surtout si elle est corroborée par d’autres individus.
La seconde, c’est qu’il ne communique pas assez auprès des gens qui l’entourent et/ou qu’il n’a pas créé les conditions pour que ces même personnes osent lui parler directement, que ce soit pour poser de simples questions ou partager certaines observations.
La troisième, c’est que les personnes en question n’ont pas la présence d’esprit d’adresser leurs observations à la source en contactant James directement. Ils ont peut être peur de sa réaction, ils ne voulaient pas l’alarmer, ou bien encore ils voulaient collecter d’autres informations en premier lieu.
Dans tous les cas, l’information ne circule pas dans le bon sens, cette boucle infernale créée de la friction et le plus souvent, pire encore, elle n’arrive jamais à destination… Vous n’avez pas idée du nombre de fois où j’ai du dire à un investisseur qui me partageait ses états d’âme à propos d’un entrepreneur : Mais dis lui !
Cela sonne comme une évidence mais c’est bien plus courant que vous ne pouvez l’imaginer et ce n’est pas l’apanage de gens médiocres, beaucoup d’investisseurs reconnus ne partagent pas ce qu’ils observent ou pensent vraiment. Quelles leçons tirer de ça ?
Toute impression est une réalité, attention à la marque que vous laissez, à votre attitude. Soyez réactif, fiable, à l’écoute. Le comportement reflête l’image que renvoie l’entrepreneur beaucoup plus que les faits.
Créez les conditions qui invitent les gens à vous partager leurs questions et leurs observations. Cela implique que vous soyez sincèrement à l’écoute. Chacune de vos réactions invite votre interlocuteur à continuer de s’ouvrir ou bien à se fermer.
Enfin, il faut provoquer. Si vous sentez que les échanges ne sont pas assez interactifs, critiques, constructifs avec vos investisseurs, poussez les à vous bousculer un peu, la confiance doit mener au conflit constructif.
Quant aux investisseurs… Rester silencieux, c’est nul, mais partager à des tiers ce qu’on ne partage pas à l’entrepreneur lui-même, c’est super nul… Dire ce qu’on pense, ce qu’on ressent, ce qu’on observe, ça n’implique pas d’être désagréable, malpoli ou expéditif, ça veut dire échanger, dialoguer, avec franchise, dans un environnement où chacun peut à la fois s’exprimer et être écouté.
Parce que nous n’avons pas toujours toutes les informations, parce que nos impressions manquent d’impartialité, parce que nos jugements sont souvent éronnés, l’investisseur doit faire preuvre de curiosité, être intelligible dans ce qu’il partage et veiller à ce que ses observations ne soient pas des jugements trop hatifs. Je conseille deux choses pour que l’échange soit fructueux :
Emettre des hypothèses en partageant à la fois ce qu’on ressent et ce qu’on perçoit. L’hypothèse permet de créer la discussion sans jugement, mais sur la base d’une impression, si possible etayée par des faits.
Poser des questions, elles permettent à l’entrepreneur d’exprimer par lui même certaines choses et par la même occasion de trouver certaines réponses. Il faut cependant veiller à bien creuser chaque question, il faut souvent plusieurs questions additionnelles pour aller au fond d’un sujet.
C’est le début de l’année, le moment de prendre de bonnes résolutions, et pourquoi pas celle d’avoir des boards fonctionnels avec des membres qui s’expriment ouvertement et clairement aux personnes concernées directement :)
Merci pour ce post très enrichissant qui fonctionne pour le monde de l'investissement mais aussi dans le monde de l'entreprise en général sur les relations Managers/Employés.
Sinon belle découverte Mustii - Shame (klangstof remix) :)
De ma maigre expérience je tire cela : j’ai mis 3/4 ans avant de comprendre que mes investisseurs étaient dans le même bateau que moi.
Et je crois que c’est aux investisseurs d’expliquer cela le plus vite possible : pour poser un cadre de dialogue sain.
N’ayant pas de ‘manager’, la tendance de l’entrepreneur est de penser que le board est un organe de contrôle, un investisseur celui qui va regarder par dessus son épaule.
Or, c’est plutôt le lieu et l’endroit pour tout se dire, pour le meilleur et pour le pire…