On me parle des boites qui font la une, et moi je pense à tous les problèmes auxquels elles doivent faire face. On me parle de la dernière levée de fonds record d’une autre, mais ce que je vois, c’est le montant d’argent brulé qui se creuse. J’ai envie de crier contre les imposteurs, mettre des claques à ceux dont l’humilité est en carton, demander à ceux qui ont réussi de partager aussi leurs moments de doute sans raconter d’histoire.
Dans le même temps je fais la chasse aux pessimistes, je veux croire que tous nos entrepreneurs peuvent transformer l’essai malgré l’apparente fatalité à laquelle ils font face ou le manque de discernement chez certains d’entre eux qui me rend dingue.
La vérité, c’est que j’ai peur de pas être à la hauteur, j’ai peur de décevoir, j’ai peur de me faire virer, j’ai peur de ne pas transmettre la bonne information au bon moment à l’entrepreneur et d’être responsable de son échec, j’ai peur de faire des performances de merde, j’ai peur de rater un bon deal et que ça me poursuive pendant des années…
Evidemment j’essaye de me rassurer avec quelques réussites passées ou interventions récentes, mais c’est éphémère parce que les gens oublient et parce que sauver un chat qui allait traverser l’autoroute, ça ne l’empêchera pas de traverser la départementale plus tard…
Quand je vois les entrepreneurs qui risquent le tout pour le tout avec leurs boites alors que moi il faudrait vraiment que je sois une buse pour me planter, vous pensez bien que je vais pas venir pleurnicher sur Linkedin à propos de mes états d’âme. Mais j’en ai, comme nous tous.
Au fait, savez vous pourquoi on traite les idiots de buses ? C’est parce qu'autrefois, les fauconniers n’arrivaient pas à les dresser, donc on considérait que la buse était un animal stupide…
Et ces vulnérabilités, c’est aussi un moteur pour faire de ton mieux chaque jour, pour pas lâcher l’affaire, pour faire cette putain d’inbox zero même quand tu n’as pas envie, pour déclencher cette n-ième discussion avec un entrepreneur à qui tu as du mal à donner de la perspective.
Je vous dis ça parce que je trouve que les entrepreneurs n’exploitent pas assez leurs vulnérabilités. Souvent je leur demande ce qui les empêche de dormir de la nuit ? Au début je pensais que c’était une manière de justement aborder les peurs, les angoisses, d’aller fouiller pour qu’elles ne restent pas enfouies, qu’on les explore avec de bonnes intentions. Mais rapidement je me suis rendu compte qu’on touchait à peine la surface.
Sauf que toutes ses facettes de ta personnalité qui agissent comme des filtres, des contreurs ou te mettent dans une position de déni ou d’interprétation fallacieuse, si tu les laisses enfouies, elles vont te jouer des tours. Alors que si tu en as conscience, tu peux dépasser certaines de ces limitations que tu t’es inconsciemment créées.
Il est difficile de faire cet exercice seul mais commence par demander autour de toi quels sont tes comportements récurrents qui ont tendance à irriter les gens. Lorsqu’on les partage avec toi, surtout ne cherche pas à te défendre, accepte les avec sincérité, note les. Le but n’est pas de les contrer à l’aide de routines magiques, mais de commencer à les interpréter et à les comprendre, de voir comment ils agissent en tant que facteurs limitants, de quelles vulnérabilités ils sont issus.
Et pour être tout à fait honnête, je ne sais pas quelle serait la bonne manière de faire ce travail d’introspection, mais il est nécessaire parce que nos résistances peuvent constituer des pièges terribles et je le vois trop souvent chez nombre d’entrepreneurs qui sont dans le déni à propos de certains traits de leur caractère.
Je suis volontiers preneur de vos commentaires sur la manière d’aborder le sujet :) En attendant, je vous laisse en musique… Bon Dimanche !
C'est pour cela que je suis "devenue" officiellement Sparring Partner. J'aime aider les dirigeants que j'accompagne à mieux dormir la nuit... Pas en farfouillant leurs états d'âme, mais en les écoutant, puis en faisant le tri entre angoisses existentielles et peurs rationnelles sur lesquelles agir, et enfin décomposant calmement les actions à mener pour "réussir", quelle que soit leur définition du terme.
Pas un "coaching" mais une caisse de résonance et des conseils pour que chaque décision devienne "la bonne décision".
pas l'habitude de répondre/commenter mais je vois que mes clients, et moi compris, on passe notre temps à se laisser gouverner pas nos peurs. Or la peur est mauvaise conseillère comme on le sait bien. On peut rester englué dans ses peurs et dès lors tout ce qu'on fait ne fera qu'alimenter ses fameuses peurs.
On peut aussi essayer de les dépasser mais c'est dur de reconnaitre ses vulnérabilités face aux autres.
L'autre versant c'est aussi de rester sur une prétention : par peur je veux montrer que je suis le plus malin, le plus fort, le plus performant, etc, et tout ce que je montre aux autres c'est mon incapacité à écouter, à déléguer ou à trouver de l'aide. Bref, plus je veux montrer plus je démontre mes incapacités et donc mes peurs.
A froid c'est toujours facile de me dire comment je ferais dans telle situation, à chaud c'est beaucoup plus dur de ne pas monter dans les tours parce que j'ai peur.
Nommer ses peurs, reconnaitre ses zones de prétentions c'est un beau cadeau à se faire ou à faire à ses équipes.